Acte III - Fidélité : CONTRE…

Acte III - Fidélité : CONTRE…

Lu 462 fois
Amour, PhiloSex

28 Jan 21

Souplesse, Confiance
On prétend enfermer l’autre alléguant le fait que la fidélité soit un “garde fou” de l’amour. Non qu’il faille poser le principe d’infidélité comme base de la relation, (même si Paule Salomon ose avec le titre de son ouvrage), mais il me semble que si nous pouvions admettre un peu de souplesse à la base, la possibilité d’un peu de “jeu” et de moins de “je”, on jouerait moins de drames et de souffrances.
Si je ne t’impose pas la fidélité, tu feras tes expériences au gré de tes besoins, et notre relation sera plus saine et honnête. Et ceci peut tout aussi bien impliquer aucune expérience. Mais c’est cette possibilité qui nous rend libre de nous aimer véritablement.
Je me souviens d’un de ces mêmes d’ados débile de mon époque, mais qui contre toute attente fait sens aujourd’hui : “Si tu as un oiseau en cage, ouvre-lui la porte. S’il revient, c’est qu’il t’appartient, s’il ne revient pas, c’est qu’il ne t’a jamais appartenu” (avec un bémol sur le terme “appartenir” qui évidemment n’est pas de très bon ton dès qu’il ne s’agit plus d’un oiseau 😬).

Aimer l’autre pleinement, tout entier, tel qu’il est et avec tout ce qu’il est
“Il est méchant, il me trompe, mais je l’aime alors je veux pas le quitter”. Really !?!?
C’est surprenant combien de fois on voit l’amour faire souffrir, et qu’on trouve ça normal. Au nom de “l’amour”, on souffre avec complaisance. Des siècles de souffrances glorifiées font qu’encore aujourd’hui il faut souvent nous secouer pour qu’on se rende compte qu’il convient plutôt de s’extirper au plus vite de cette torpeur absurde. C’est à se demander si on ne met pas sciemment en oeuvre ces scénarios pour qu’il nous permettent de jouer et rejouer ce drame. Pas d’accord : l’amour c’est bien si ça nous fait du bien. Sinon ce n’est plus de l’amour, c’est une relation nocive et il faut tenter de s’en défaire au plus tôt.
Maintenant, corollaire de l’histoire, si je souffre parce que je ne veux pas accepter l’autre avec son autre (au stade 1 quand il fait un écart, au stade plus avancé quand il fréquente régulièrement son amant.e) alors ce n’est pas lui que j’aime, mais celui que j’aimerais qu’il soit, c’est à dire pas comme ça. Donc j’aime l’idée de lui, l’idée que je m’en fais. Pas lui comme il est (avec son autre 😅).
Car du reste, à part le film que je me fais dans ma tête, finalement je ne perds rien quand lui gagne (de l’amour, du sexe, de l’affection, un échange intellectuel, émotionnel ou culturel) - tant que se maintient ce que nous avons mis dans notre projet de vie commun, bien sûr. Alors pourquoi je me fais souffrir ?

Ouverture sur soi, retour à soi, fidélité à soi-même
La fidélité comme principe constitue un interdit qui nous contient et nous invite à nous verser dans l’autre en confiance, souvent tel un flot qui déborde (Ces femmes qui aiment trop). Les limites sont posées par le diktat, et non plus par ce que je ressens, ou ce dont j’ai besoin (éventuellement en termes de recul vis à vis de ma relation). Ma dépendance affective peut s’épancher à loisir, car on s’est juré fidélité, donc de ce côté-là c’est bordé, je suis peinard…
Bah nan en fait… c’est justement là que le bât blesse : le fait de se réfugier derrière cette clause refoule des éléments qui sont dans mon essence d’humain, par nature rebelle et changeante. Telle la cocotte minute, si cela arrive beaucoup ou trop souvent, un jour ça saute, et au lieu de se résoudre en discussion comme dans le point précédent, tout explose.
S’écouter c’est aussi faire attention à ce qu’on nécessite dans les différentes étapes de notre vie. A chacun ses besoins, à chacun ses changements. Certains se satisferont de leur couple et de quelques amis, d’autres ont besoin d’investir leurs relations plus avant. Mais la fidélité à soi-même est la priorité pour une vie honnête vis à vis de soi-même, à fortiori vis à vis de l’autre. Donc pas de fidélité à l’autre s’il n’y a pas fidélité à soi d’abord.

Suffisant ou humble ?
Les relations amoureuses/maritales évoluent avec le temps, on en attend pas la même chose dans la première semaine que dans la dixième année. Espérer la même fougue passées quelques années est puéril, même s’il y a plein de bon conseils (Réinventer la longue distance - Audren, jouer de notre Intelligence érotique - Esther Perel) pour un couple longtemps gai et épanoui. Il est donc probable qu’un beau jour l’herbe paraisse plus verte ailleurs. Et alors ? Qu’est-ce que mon mari me retire à moi s’il se mélange avec une autre ? Est-ce un risque qu’il ne revienne pas ? Certainement moins que si je l’en empêchais… car au moins là il n’est pas mis devant un choix. Parfois on a peut-être juste besoin de se changer les idées, de rafraîchir ses techniques (😜) ou de quelque supplément nutritionnel…
Quoi !? Vous prétendez être un homme ou une femmecomplet.e ? Qui a tout ce qu’il faut pour pourvoir à TOUS les besoins de votre compagnon.e ? Ne serait-ce pas là un poil suffisant ? Et si vous ne le “complétez” pas à 100%, ça n’ôte en rien à votre grandeur : vous n’êtes pas “nul.lle”, “raté.e” ou “bon.ne à quitter” pour autant.

La douleur du Cocu est une prophétie auto-réalisante
Vocabulaire tendancieux : pourquoi faut-il que ce soit “tromper”, une “faute”, une “erreur”, une “connerie”, une “trahison”. Et si on choisissait de préférence les termes “aventure”, “nouvelle expérience”, “découverte”, “exaltation”, “renouveau”, “ouverture”, “tant d’amour pour son conjoint qu’on le laisse libre” ou encore “je lui suis tellement reconnaissante de me laisser libre, qu’il écoute et comprenne mes besoins, que je l’aime encore plus”… alors peut-être que la vision du sexe extra-couple serait teintée de rose au lieu de noir foncé 😇

Les péchés des fidèles
Sous couvert de respect, d’honneur et de loyauté, les fidèles vindicatifs assurent néanmoins leurs arrières en voilant un certain nombre de leurs peurs, comme la peur de l’abandon et la peur de la perte de l’autre : la jalousie, la possessivité, la dépendance affective, l’insécurité en général (confiance en soi et confiance en la vie) deviennent donc les valeurs de rigueur… C’est assez moche. Sans parler des chantages que l’on voit se mettre en place pour assujettir l’autre à des punitions des plus dégradantes demandant “réparation” pour dommages affectifs subits (WTF !?!). No comment, je pars du principe que nous sommes entre gens intellectuellement honnêtes.

Conclusion : fidélité de principe ou de choix ?
Je manque d’arguments pour défendre la fidélité comme principe et non comme choix personnel. Et j’insiste sur le personnel. Évidemment, si moi je n’ai aucune envie en dehors de mon couple, la question ne se pose pas, ni pour, ni contre la fidélité, c’est tout bonnement hors sujet, pour moi. Mais si je tends à vouloir l’imposer, chez l’autre, c’est mon insécurité que j’impose à l’autre de résoudre pour moi…
Donc la fidélité n’a pas besoin d’être un principe. Pour ce qui est de mon conjoint, peut-être qu’il est pareil, peut-être pas. Il serait de bon ton d’écouter (de manière vraiment ouverte et impartiale) le fond de sa pensée avant d’imposer d’entrée de jeu la fidélité comme un principe, car peut-être que si on prête bien l’oreille, il n’est pas si sûr de vouloir signer la modalité. Et peut-être que s’il croit en être sûr aujourd’hui, il pourrait être dérouté demain si la serrure est fermée à double tour…
Mais c’est un débat long et compliqué qui ne tient pas sur une page : l’idée que je veux suggérer ici est l’ouverture dans l’absolu, en aucun cas la porte ouverte au manque d’égard pour l’autre. Ce sont des convenances qui se discutent, qui se pratiquent, et qui évoluent dans la bonne foi et dans le respect de l’autre et du couple tel que chacun a décidé de le mener à bien.
Good luck 😀


Ils en parlent :

Théorie du corps amoureux - Michel Onfray
Bienheureuse infidélité - Paule Salomon
La salope éthique - Janet W. Hardy y Dossie Easton
Intelligence érotique - Esther Perel
Du bonheur un voyage philosophique - Frédéric Lenoir
L’insoutenable légèreté de l’être - Milan Kundera
Le Nouveau Guide des amours plurielles : 10 ans- 20 ans après - Itinéraires de polyamoureux - Françoise Simpère
La rencontre - Charles Pépin
Antifragile - Nassim Taleb
Anatomy of Love - Helen Fisher
Ces femmes qui aiment trop - Robin Norwood
Les Fesses de la Crémière - Audren
Intelligence érotique - Esther Perel

Un mot à dire ?

Recevoir par email les réponses à ce fil de discussion    

Anti-Spam : Inscrire 462 dans la case